Au pied des contreforts de la montagne du Héjaz en Arabie Saoudite surgissent dans une plaine aride, de somptueux blocs de gré de couleur ocre. Sur certains d’entre eux se dressent de majestueuses façades richement ornées. Elles semblent avoir été sculptées par une main céleste. On imagine, à travers une porte dominée par un fronton, d’énigmatiques demeures rupestres. Il s'agit des vestiges funéraires d'une ancienne cité fondée par les nabatéens, il y a plus de 2000 ans, dans l'actuel site de Madâin Sâlih.
Les nabatéens convoyaient à dos de dromadaire, la myrte, l'encens, les épices et les parfums rares à travers l'Arabie, vers les ports de la méditerranée d'où ils étaient ensuite expédiés vers les provinces romaines qui leur achetaient à prix d'or. C'est ainsi qu'ils s'enrichirent et batîrent les tombeaux rupestres de Pétra et de Hégra .
Madâin Sâlih est l’ancienne Hégra des Nabatéens, situé dans le nord-ouest de l’Arabie Saoudite, à environ 300 km au nord de Médine. Elle se trouve à la frontière sud du royaume nabatéen et, de fait, à la frontière sud de la province romaine d’Arabie. Le site, très vaste, présente de nombreuses similitudes avec la capitale nabatéenne Pétra, en Jordanie, notamment en raison de la présence de sa nécropole qui compte une centaine de tombeaux rupestres monumentaux ainsi que de nombreux vestiges cultuels (niches, triclinia, etc.). Les fouilles, conduite par l'archéologue française Laïla Nehmé, ont révélées une ville entourée d’un rempart. Sa subsistance était assurée par une importante oasis comportant de très nombreux puits. Enfin, le site a livré des centaines d’inscriptions en diverses langues et écritures (dédanite, araméen d’empire, nabatéen, grec, latin, arabe).
Hégra est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2008. Le site fait l’objet depuis début 2017 d’une attention particulière du gouvernement saoudien, qui souhaite le mettre en valeur d’un point de vue patrimonial et touristique dans le cadre du programme « Vision 2030 » initié par le prince héritier Mohammed bin Salman. Une commission royale (Royal Commission for al-Ula) ad hoc a été créée. Celle-ci a conclu avec la France un accord en vue de développer un programme tourisitique ambitieux dans la région d’al-Ula, dont fait partie Madâin Sâlih.